A Voix double – Lettres à la bien-aimée

 

Lettres à la bien-aimée – Thierry Metz

 

Thierry Metz a écrit ces Lettres à la Bien-aimée pendant un stage de maçonnerie.

 

 

Couverture Thierry Metz
Couverture Thierry Metz

 

La quatrième de couverture dit ceci :

J’ai écrit ces lettres à Périgueux, pendant un stage de maçonnerie qui a duré neuf mois. Des passages plus que des lettres : la journée à l’atelier, la soirée dans la chambre, à cinq ou plus, les couloirs, les portes, un cahier sur une table.

Un cahier que je donne à la Bien-aimée. Et à Vincent, notre fils, qui a été tué par une voiture le 20 mai 1988, dans ses huit ans.

                                                                                        Thierry

 

 

Pourquoi Thierry Metz ?

Ce qui nous touche en premier, ce sont les mots de la matière qui donnent la perspective du combat intérieur. Chaque page d’une inégale longueur donne la mesure de la journée qui a été vécue avant que les mots ne soient couchés dans le cahier.

C’est un texte brut laissé sur la page par un « manuel », un homme dont le métier occupe juste les mains et qui n’a pas fait d’études universitaires, juste travailler de ses mains et vivre le chômage entre deux périodes actives.

                                                                                   Nelly Uzan

 

Les instruments d’Eduardo Kohan viendront apporter cette consistance de la matière, cette évasion de la pensée et cette tension entre les deux qui font la marque de l’humanité.

 

 Sur Thierry Metz :

 

Thierry Metz est né le 10 juin 1956 à Paris. Adolescent il découvrira la poésie en autodidacte en achetant des livres chez Emmaüs. Il s’installe à 21 ans avec sa femme dans une maison, près d’Agen, le long de la route nationale 113. Il alterne des périodes de travail en tant que manœuvre sur des chantiers de construction pour gagner sa vie, avec d’autres périodes qu’il consacre au chantier de l’écriture.

En 1978 il rend visite à Jean Cussat-Blanc, fondateur et animateur de la revue Résurrection, dont il avait entendu parler. Jean Cussat-Blanc mesure de suite la qualité exceptionnelle de cette écriture : «C’était pourtant une journée comme les autres. Un beau jour d’automne aquitain. Mais il se révéla unique, par la jeune, la plus inattendue — et qui est devenue la plus précieuse découverte d’une vieille vie. (…) Tu es venu, quelques poèmes dans la main. J’ai lu, immédiatement séduit. C’était des fleurs subites, qui perçaient des broussailles ; un caillou marqué d’incisives gemmes. L’empreinte évidente de l’artiste.» Il l’encouragera puis l’adressera à son ami Jean Grosjean et ce sera la publication du Journal d’un manœuvre.

Il a obtenu le prix Foissart, a été publié par Jacques Brémond, mais au moment même de cette reconnaissance grandissante, son deuxième fils, Vincent, meurt écrasé sous ses yeux. De ce jour Thierry Metz ne se départira jamais d’un sentiment de culpabilité. Sentiment qui le conduira à l’alcoolisme puis au suicide. Il met fin à ses jours à l’hôpital de Cadillac le 16 avril 1997 à l’âge de 40 ans. Avec lui disparait une voix unique et irremplaçable.

                                                                   Pierre Kobel
(extrait d’un article paru dans le Monde le 25 mai 2011)

 

Et Gil Pressnitzer (www.espritsnomades.com)

«Ces lettres qui seront des squelettes de livres, griffonnées le soir après les journées de sueur, des journées d’atelier, l’espace inquiétant de la chambre anonyme avec l’horreur en papier-peint. Textes arrachés à la fatigue et aux corbeaux, les textes de Thierry Metz sont des cahiers d’urgence, des copeaux de panique.

Seul contre son âme un homme ne pèse pas lourd.

Son crayon crisse dans la chambrée à cinq, couvert par les ronflements des copains. S’allume ainsi jour après jour dans un petit cahier pour la bien-aimée, pour les hommes qui liront sans doute par-dessus l’épaule. Ses mains de maçon ont étreint la glaise du verbe, l’ont réduite à quelques durs cailloux. Tout dans l’urgence avec cette mine de crayon qui ne peut suivre, l’urgence de dire, de laisser des mots comme des graffitis aux murs d’une prison, sur les murs fuyants des villes.

Dire, ne pas faire de littérature, dire comme un manœuvre, comme un gars de la sueur, de celui qui a de la terre dans la voix, et du plâtre dans le cœur. Pour s’y coucher, s’y ensevelir.».

 

Comédienne, actrice